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Chapitre 1

 

Vu de l'extérieur, le satellite orbital B-56 ressemblait à un banal astéroïde. Mais ses entrailles abritaient autre chose que de simples grottes : une base spatiale dernier cri… le repère secret d'Antarès !

Voilà près d'un mois que la fière équipe était revenue d'un périlleux baroud aux confins des mondes d'Ylpsos, et depuis : calme plat.

Pour tromper son ennui, l'agent spécial, s'entraînait au tir sur des droïdes-cibles qu'il envoyait chaque fois au tapis avec un soupir de lassitude.

Johanna, sa fidèle coéquipière, ne levait plus le nez de ses manuels de bio-chimie moléculaire, qui ne semblaient pas la passionner outre mesure.

Irgos, le robot poète, était toujours déconnecté depuis ses déboires sur Altaïr(1). Il reposait tristement sur son siège de copilote du Griffe de velours – vaisseau fétiche de la petite troupe.

Wilmor, l'E.T. mauve, passait son temps affalé dans un fauteuil de la salle de détente. Amateur de blagues, il revoyait en boucle de vieilles comédies terriennes, dont les répliques le faisaient à peine sourire.

Quant à Uberchonzu, l'oreille volante, rivé à son casque d'écoute, il décryptait sans relâche la moindre dépêche. Mais rien d'intéressant ne se présentait.

Bref, tout ce beau monde, habitué à courir l'aventure aux mille et un coins de l'univers, s'ennuyait à mourir.

Il pouvait être 18 heures terrestres, en cette morne fin d'après-midi, quand l'être volant déboula en trombe dans la salle d'entraînement.

– Antarès ! Un message d'Attanor-le-glabre ! clama-t-il. Il veux te voir immédiatement !

Celui à qui s'adressait l'heureuse nouvelle, était occupé à achever un pauvre robot-cible dont il cognait la tête par terre avec frénésie.

– Bon sang ! lâcha l'agent X-22 en se relevant d'un bond.

Du même élan, il s'élança à la recherche d'une combinaison de vol et fila comme une flèche aux plates-formes de décollage.

Là, il retrouva ses compagnons près d'un monoplace que Wilmor avait apprêté pour un départ imminent. Chacun y alla de son envolée enthousiaste :

– Dieu soit loué, Antar' ! soupira sa jolie assistante. J'ai cru devenir folle à relire sans fin les mêmes traités !

– Je fais chauffer les moteurs du Griffe ? demanda l'E.T. mauve, les antennes frémissantes.

– Je pense bien ! clama le maître des lieux. Soyez prêts à décoller dès mon retour !

Puis, finissant d'enfiler son équipement :

– De toute façon, j'accepterais n'importe qu'elle mission ! Tout, plutôt que moisir un jour de plus dans cette fichue caverne !

Il grimpa dans le frêle appareil, adressa un dernier signe à ses amis, puis engagea la navette vers un sas de sortie. Après un court slalom au cœur de routes granitiques, il jaillit par une des sombres cavités de l'astéroïde, et prit la direction du palais d'été d'Attanor-le-glabre, situé sur Terre, à peine à une année lumière de la base d'Antarès.

D'ailleurs, après l'avoir serré dans ses bras puissants, son cher et royal mentor lui reprocha d'emblée son impardonnable négligence :

– Antarès ! Que n'es-tu venu me voir plus tôt ! J'apprends tes exploits par Holo-news, et rarement par ta propre voix !

– Je connais le protocole, Majesté. J'attendais votre appel pour accourir !

– Au diable le protocole ! tonna l'imposant personnage. Je pourrais être ton père. Je te l'ai dit cent fois : pourquoi ne viens-tu pas t'installer au palais ? Nous nous verrions tous les jours !

Antarès eut un sourire attendri.

– Vous savez bien que j'ai la bougeotte, Majesté. En fait, on ne se verrait pas si souvent que ça…

Profitant du silence bienheureux des retrouvailles, notre ami prit le temps de détailler l'homme qui avait accompagné et marqué une partie de sa jeunesse.

Bâti en hercule, le vieux roi ne faisait pas ses cent vingt ans. N'étaient son crâne chauve et de vagues rides à son front, il avait l'air d'un jeune homme.

– Vous avez une mine superbe, lui dit Antarès. Moi, l'inaction me fait prendre dix ans en une journée !

– Crois bien que certaines soirées peuvent être longues aussi, dans cet immense palais ! Parfois, je t'envie de courir l'univers comme tu le fais !

– À mon tour, je vous invite à m'accompagner de temps en temps…

– Oh, non, non, il y a tellement à faire dans ce petit coin de galaxie, je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Et puis, en ce moment, on me tient une si charmante compagnie…

           – Eh bien, justement, Attanor, il serait temps de faire les présentations ! dit une voix aux nobles accents qui provenait de derrière le Roi.

(1) Voir " Les pétrifiés d'Altaïr ".

 

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