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Chapitre 1 Voilà près
d'un mois que la fière équipe était revenue d'un périlleux baroud aux confins
des mondes d'Ylpsos, et depuis : calme plat. Pour tromper
son ennui, l'agent spécial, s'entraînait au tir sur des droïdes-cibles qu'il
envoyait chaque fois au tapis avec un soupir de lassitude. Johanna, sa
fidèle coéquipière, ne levait plus le nez de ses manuels de bio-chimie
moléculaire, qui ne semblaient pas la passionner outre mesure. Irgos, le
robot poète, était toujours déconnecté depuis ses déboires sur Altaïr(1). Il
reposait tristement sur son siège de copilote du Griffe de velours – vaisseau
fétiche de la petite troupe. Wilmor,
l'E.T. mauve, passait son temps affalé dans un fauteuil de la salle de
détente. Amateur de blagues, il revoyait en boucle de vieilles comédies
terriennes, dont les répliques le faisaient à peine sourire. Quant à
Uberchonzu, l'oreille volante, rivé à son casque d'écoute, il décryptait sans
relâche la moindre dépêche. Mais rien d'intéressant ne se présentait. Bref, tout ce beau monde, habitué à
courir l'aventure aux mille et un coins de l'univers, s'ennuyait à mourir. Il pouvait
être 18 heures terrestres, en cette morne fin d'après-midi, quand l'être
volant déboula en trombe dans la salle d'entraînement. – Antarès !
Un message d'Attanor-le-glabre ! clama-t-il. Il veux te voir immédiatement ! Celui à qui
s'adressait l'heureuse nouvelle, était occupé à achever un pauvre robot-cible
dont il cognait la tête par terre avec frénésie. – Bon sang !
lâcha l'agent X-22 en se relevant d'un bond. Du même élan,
il s'élança à la recherche d'une combinaison de vol et fila comme une flèche
aux plates-formes de décollage. Là, il
retrouva ses compagnons près d'un monoplace que Wilmor avait apprêté pour un
départ imminent. Chacun y alla de son envolée enthousiaste : – Dieu soit
loué, Antar' ! soupira sa jolie assistante. J'ai cru devenir folle à relire
sans fin les mêmes traités ! – Je fais
chauffer les moteurs du Griffe ? demanda l'E.T. mauve, les antennes
frémissantes. – Je pense
bien ! clama le maître des lieux. Soyez prêts à décoller dès mon retour ! Puis,
finissant d'enfiler son équipement : – De toute
façon, j'accepterais n'importe qu'elle mission ! Tout, plutôt que moisir un
jour de plus dans cette fichue caverne ! Il grimpa dans
le frêle appareil, adressa un dernier signe à ses amis, puis engagea la
navette vers un sas de sortie. Après un court slalom au cœur de routes
granitiques, il jaillit par une des sombres cavités de l'astéroïde, et prit
la direction du palais d'été d'Attanor-le-glabre, situé sur Terre, à peine à
une année lumière de la base d'Antarès. D'ailleurs,
après l'avoir serré dans ses bras puissants, son cher et royal mentor lui
reprocha d'emblée son impardonnable négligence : – Antarès !
Que n'es-tu venu me voir plus tôt ! J'apprends tes exploits par Holo-news, et
rarement par ta propre voix ! – Je connais
le protocole, Majesté. J'attendais votre appel pour accourir ! – Au diable
le protocole ! tonna l'imposant personnage. Je pourrais être ton père. Je te
l'ai dit cent fois : pourquoi ne viens-tu pas t'installer au palais ? Nous
nous verrions tous les jours ! Antarès eut
un sourire attendri. – Vous savez
bien que j'ai la bougeotte, Majesté. En fait, on ne se verrait pas si souvent
que ça… Profitant du
silence bienheureux des retrouvailles, notre ami prit le temps de détailler
l'homme qui avait accompagné et marqué une partie de sa jeunesse. Bâti en hercule, le vieux roi ne
faisait pas ses cent vingt ans. N'étaient son crâne chauve et de vagues rides
à son front, il avait l'air d'un jeune homme. – Vous avez
une mine superbe, lui dit Antarès. Moi, l'inaction me fait prendre dix ans en
une journée ! – Crois bien
que certaines soirées peuvent être longues aussi, dans cet immense palais !
Parfois, je t'envie de courir l'univers comme tu le fais ! – À mon tour,
je vous invite à m'accompagner de temps en temps… – Oh, non,
non, il y a tellement à faire dans ce petit coin de galaxie, je n'ai pas le
temps de m'ennuyer. Et puis, en ce moment, on me tient une si charmante
compagnie… – Eh bien, justement, Attanor, il serait temps de faire les présentations ! dit une voix aux nobles accents qui provenait de derrière le Roi. (1) Voir " Les
pétrifiés d'Altaïr ".
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